Questa recensione è uscita su Le Monde il 31 marzo 2017
La libération des Italiennes
1995 est le point de départ et d’arrivée de cette saga italienne.
Entre les deux : l’histoire d’une famille dans le Piémont rural,
celle des Francesi, qui se définit par ses hommes mais que
l’auteure choisit de raconter par ses femmes. Tour à tour, le
roman épouse le regard d’Emma Bonelli, paysanne mariée à
12ans au fils boiteux des Francesi; de sa fille, Luciana, puis de
sa petite-fille, Anna. Une fresque au féminin qui, parcourant
l’Italie des années 1930 à 1990, conduit de vexations en obligations
conjugales, de travail acharné en rêves tronqués, mais
s’achèvera, grâce à Anna, par l’indépendance qui manquait à
ce sexe. Car c’est bien l’histoire d’une liberté à conquérir que
conte Raffaella Romagnolo. Dans ce monde patrilinéaire où
l’important est de commander – « Comme si le monde avait
besoin d’autorité pour aller de l’avant » -, la famille Francesi
ressemble à une « armée de pères, de fils et de frères » où seul
«/’patron sait». Or c’est justement cette rengaine qui doit cesser
si l’on veut mettre à distance la masna – l’enfant,
en dialecte piémontais -, le rôle où chacune
de ces femmes s’est laissée enfermer. Dans une
langue très maîtrisée, ce premier roman va et vient
entre époques et personnages. Le tout pimenté par
les saveurs, odeurs et souvenirs où baigne cette
maison de famille encore riche de mystères. Et où
se dessine, à travers ces trois portraits, un demi-siècle
d’histoire italienne. • FLORENCE COURRIOL-SEITA
^ la Masna, de Raffaello Romagnolo, traduit de l’italien
parAnaïs BoutelIIe-Bokobza, Les Escales, 304 p., 21,90 €.